Écrire aux seuils des sens: Poétique sensorielle et identité lesbienne chez Renée Vivien

Cette thèse explore la poétique sensorielle dans l’œuvre de Renée Vivien, en mobilisant les outils des études lesbiennes, queer et de la phénoménologie de la perception. À travers l’analyse de l’odorat, de l’ouïe, de la vue et du toucher, elle montre comment les sensations participent à la construction d’une subjectivité et d’un désir lesbien, en déjouant les représentations normatives du genre et du féminin. Loin d’être de simples ornements, les expériences sensorielles deviennent des stratégies d’écriture, articulant absence, mémoire et réinvention du corps lyrique.

Le premier chapitre examine l’odorat et le goût, révélant comment Vivien mobilise les parfums et les saveurs pour créer une poétique de la trace, où désir et disparition se confondent. Le deuxième chapitre analyse l’ouïe et le silence comme lieux de résistance et d’affirmation identitaire, où la voix poétique oscille entre effacement et insistance affective. Le troisième chapitre explore la vue et le toucher à travers l’ekphrasis, en soulignant comment Vivien déconstruit la représentation visuelle traditionnelle pour instaurer une esthétique du mouvement et de la fluidité corporelle.

En plaçant la sensorialité au cœur de son écriture, Vivien développe une esthétique du seuil, où les frontières entre sujet et objet, présence et effacement, désir et perte, sont constamment reconfigurées. Cette étude révèle ainsi comment son œuvre subvertit les cadres normatifs du genre, tout en esquissant une poétique lesbienne fondée sur l'instabilité, la sensation et la transformation, ouvrant de nouvelles perspectives pour les études littéraires, sensorielles, lesbiennes et queer.